Dans Bloody Milkshake, Karen Gillan tabasse à tout-va, et se place dans la tradition d'une série d'héroïnes d'action de plus en plus populaires.
Ce n'est pas la première, et certainement pas la dernière : l'héroïne de Bloody Milkshake (en salles le 21 juillet et pour trouver une séance, c'est par ici) n'est pas là pour rigoler (quoique), mais pour distribuer les baffes, briser les tibias, fracasser des crânes, et vider les chargeurs d'une multitude de flingues. C'est la warrior de l'été, incarnée par Karen Gillan, à la tête d'une équipe très féminine aux côtés de Lena Headey, Michelle Yeoh, Angela Bassett et Carla Gugino.
Cette super-héroïne se place naturellement dans la lignée d'une armée d'autres qui sont arrivées avant elle, et ont pavé la voie. Mais il n'y a pas qu'Ellen Ripley, Sarah Connor, Beatrix Kiddo et autres Nikita. Et comme on a déjà consacré des dossiers à Au revoir à jamais, Charlie et ses drôles de dames ou encore Sucker Punch, retour sur quelques figures parfois oubliées dans la catégorie action woman, avec une petite sélection maison.
la machine de guerre : Hanna
Profil : enfant-soldat élevé aux hormones et au sang
Réalisé par Joe Wright entre quelques niaiseries dorées avec Keira Knightley (Orgueil et préjugés, Reviens-moi, Anna Karénine), Hanna est passé inaperçu en 2011. C'est une hérésie tant ce film d'action aux airs de conte tordu est une petite pépite du genre, dopée à la musique des Chemical Brothers, et boostée par une Saoirse Ronan méconnaissable.
Imaginée par Seth Lochhead alors qu'il était encore étudiant (David Farr sera finalement co-scénariste), Hanna se présente comme un mix entre un Jason Bourne et un teen movie, dans un nuage de conte de fées. La fameuse Hanna du titre est une enfant-soldat, élevée dans le désert finlandais par un père ex-agent de la CIA (Eric Bana), qui l'a formée depuis sa plus tendance enfance pour en faire une machine de guerre. Experte en à peu près tous les moyens possibles et imaginables de tuer le premier qui dit un mot de travers, elle partage avec l'héroïne de Bloody Milkshake cette éducation légèrement tordue, qui a vite piétiné son innocence avec.
Hanna se retrouve vite seule dans un monde inconnu (celui des gens normaux), poursuivie par une méchante dame (Cate Blanchett) qui veut l'abattre pour d'obscures raisons.
Le programme est simple, et c'est un pur exercice de style pour le réalisateur, qui emballe un paquet de scènes fantastiques. La baston dans la station de métro berlinois et celle au milieu des containers rhabillent à elles seules la moitié des productions hollywoodiennes actuelles en termes de style, grâce à une caméra virevoltante qui accompagne les chorégraphies simples, mais très efficaces, et surtout une vraie envie de s'amuser.
De l'allure étrange de son héroïne (cheveux et sourcils décolorés) aux décors soignés (l'ombre de David Lynch et Orange mécanique est assumée), Hanna est un plaisir pour les yeux. Les oreilles, elles, seront comblées par la BO de The Chemical Brothers, qui transforme les bastons et fusillades et poursuites en ballets intenses.
Orange is the new death
Profil : roublarde de l'exécution, disponible 7/7
En 2012, Steven Soderbergh annonçait en avoir tellement assez du cinéma, qu'il comptait arrêter d'en faire. Non seulement il a depuis prouvé que c'était un petit plaisantin (il a réalisé six films depuis, et le septième arrive), mais il a en plus connu l'une de ses périodes les plus fastes pendant ce creux de la vague. Entre 2011 et 2012 sont ainsi sortis Contagion, Magic Mike et Piégée, un peu oublié dans le tourbillon du succès des deux autres, sortis avant et après. Là encore une hérésie, vu l'impact de ce film d'action mené par Gina Carano.
Le prétexte est simplissime. Mallory est une ex-soldat, employée par une entreprise privée pour remplir des contrats d'assassinat. Jusqu'au jour où ses employeurs se retournent contre elle et essaient de l'éliminer. Essaient, car Mallory résiste bien, et part sur la trace des responsables pour un grand ménage de printemps, de l'Angleterre jusqu'au Mexique. Et c'est un festival d'ecchymoses et plaies ensanglantées, où la star de MMA castagne tout Hollywood - Michael Fassbender, Ewan McGregor, Channing Tatum, Antonio Banderas et Michael Douglas, sous le regard paternel de feu Bill Paxton.
Viens donc, MandalorianPour Soderbergh (réalisateur, directeur de la photographie et monteur, comme souvent), c'est l'occasion de se frotter à l'action pure et dure, sèche et sale. Avec l'intention de dépoussiérer les combats et en retirer les habituels artifices (de l'absence de musique pour booster l'action, au montage souvent très froid), le réalisateur emballe des instants particulièrement tendus, où sa caméra est au service de la réalité des corps qui tombent, entrent en collision, se tordent et souffrent.
Il n'y a qu'à voir l'affrontement terriblement brutal entre Gina Carano et Michael Fassbender, ou le duel sur la plage avec Ewan McGregor, pour comprendre que Soderbergh cherche à capter la violence, au plus près et au plus simple. Quitte à étirer le temps, et ne pas couper le gras, pour montrer la panique, la peur, les efforts et les échecs.
Mise à mort inoubliable dans 3, 2, 1...
Profil : gogo danseuse rongée par le cynisme jusqu'à l'explosion
Le diptyque Grindhouse concocté par Tarantino et Rodriguez fait la part belle aux héroïnes, avec d'un côté la vengeance féminine de Boulevard de la mort contre Stuntman Mike, et de l'autre Cherry Darling et sa jambe-mitraillette qui affrontent une apocalypse de zombies. Et c'est d'autant plus amusant que Rose McGowan incarnait la première victime du cascadeur fou chez Tarantino.
Dans cet hommage réjouissant aux séries B d'antan, Rodriguez ne leurre personne. Peu importe si Freddy Rodríguez incarne El Wray, ou si Michael Biehn est le shérif du coin : les vrais héros sont les héroïnes, qui profitent de cet enfer pour s'élever contre leurs oppresseurs, se révéler à elles-mêmes et se relever, pour tout écraser.
Girls on BikeIl y a bien sûr Cherry, gogo danseuse cynique et désœuvrée, qui a le malheur de se faire bouffer la jambe par des zombies sur le bord d'une autoroute. Elle, qui pensait n'avoir que des talents inutiles et aucune perspective d'avenir, trouvera dans le néant de la fin du monde de multiples raisons de survivre, et surtout exister.
Idem pour Dakota Block, interprétée par la géniale Marley Shelton, aperçue dans Boulevard de la mort. Elle traverse l'enfer puisqu'elle affronte son mari docteur sociopathe, voit son gamin qui a répandu accidentellement sa cervelle dans l'habitacle, perd l'usage de ses doigts à un moment crucial (un autre lien avec Bloody Milkshake) et affronte tout ça en talons hauts. Normal : c'est la fille d'Earl McGraw, un personnage bien connu des fans de Tarantino-Rodriguez, que Michael Parks a incarné dans Une Nuit en enfer, Kill Bill : Volume 1, Boulevard de la mort et même la série Une nuit en enfer (mais interprété par Don Johnson cette fois).
L'amour de Rodriguez pour les personnages féminins forts a beau être digne d'un adolescent en chaleur, il lui permet d'iconiser Cherry (et parfois Dakota) avec une admiration évidente.
Talent très utile numéro 66Profil : espionne au service de Sa Majesté
Impossible de ne pas s'attarder sur l'une des dernières représentantes de ces action women, sortie en 2017. D'autant que cette Atomic Blonde partage avec Bloody Milshake cet appétit de néons et de couleurs, grâce à l'ambiance berlinoise de la fin des années 80 qui permet au directeur de la photo de John Wick de faire n'importe quoi pour transformer chaque scène en affiche d'un Nicolas Winding Refn. Inutile alors d'être surpris que le chef déco, David Scheunemann, soit justement au générique de Bloody Milkshake.
La blonde atomique est incarnée par Charlize Theron alias Lorraine Broughton, agent du MI6 envoyée à Berlin pour enquêter sur le meurtre d'un collègue. L'actrice était intéressée par l'idée d'adapter The Coldest City d'Antony Johnston et Sam Hart quelques années avant John Wick, mais le succès du film avec Keanu Reeves a naturellement aidé (tout comme celui de Mad Max : Fury Road, qui selon Theron a beaucoup joué). C'est d'ailleurs là qu'elle est allée recruter le réalisateur et ex-cascadeur David Leitch.
Pur Dior ou film d'action ?Charlize Theron voulait son film d'action et d'espionnage, et elle l'a eu. L'actrice s'est pétée une dent ou deux pendant les répétitions, et résume son entraînement comme un travail "avec huit entraîneurs qui en gros me faisaient vomir chaque jour". Et hormis les cascades impossibles à assurer pour des questions d'assurance (dévaler une cage d'escalier par exemple), l'actrice a pris un malin plaisir à assurer le maximum des scènes d'action, comme toute bonne personne se lançant dans le jeu du cinéma d'action.
Le festival de violence graphique d'Atomic Blonde repose sur un ingrédient popularisé par John Wick : le plan séquence, ou du moins l'illusion d'une action ininterrompue, et d'une valse de brutalité que la caméra suit sans s'arrêter. De quoi offrir de beaux shoots de sensations, comme lorsque l'héroïne affronte quelques sbires dans une cage d'escalier, et encaisse autant de coups qu'elle en distribue. David Leitch prend soin de montrer les corps cabossés, amochés, abîmés et titubants, pour renforcer l'impact des bastons.
Ok film d'actionProfils : flics prêtes à tout pour arrêter les méchants vilains
Comme son titre français ne l'indique pas, Le Sens du devoir 2 est le premier film d'une franchise majeure du sous-genre "girls with guns", dont l'appellation résume entièrement l'ambition. Connu sous le nom de Yes, Madam ! ou Les Super flics de Hong Kong, le film réalisé par Corey Yuen est néanmoins sorti en France après sa suite, participant largement au bordel autour du cinéma asiatique exporté dans les années 80. Et ce titre français parfaitement banal cache un film incontournable, pour au moins deux raisons : Michelle Yeoh et Cynthia Rothrock.
À l'époque, Michelle Yeoh n'était qu'une beauté des concours de miss, repérée face à Jackie Chan dans une publicité, et vue dans Le Flic de Hong Kong 2. Propulsée avec son premier grand rôle, elle devait donner la réplique à un ersatz de Bruce Lee que les producteurs cherchaient. Jusqu'à ce qu'ils rencontrent Cynthia Rothrock, alors multiple championne du monde d'arts martiaux. Le rôle a alors été réécrit pour la sportive, qui est ainsi devenue la première américaine à se faire une place dans le cinéma hong-kongais, grâce à ce duo de femmes d'action mémorable.
L'histoire du Sens du devoir 2 est très simple. À cause d'une histoire de meurtre et de micro-film cachant des informations précieuses sur des criminels (les années 80), l'inspectrice hong-kongaise Ng et la flic écossaise Morris doivent collaborer. Ce qui compte n'est pas l'intrigue (elles vont évidemment partir pour ne pas s'entendre, sauf que si), mais les moments de castagne, où coexistent deux choses importantes : le kitsch du cinéma hong-kongais de l'époque (les bruitages mythiques) et les compétences physiques réelles des interprètes.
Le film en joue avec humour dès la première apparition de Cynthia Rothrock, prise en otage par un des méchants dans l'aéroport comme une vulgaire touriste en détresse. Quelques secondes plus tard, elle lui retourne un coup de pied dans la tête. Cinq minutes après, elle interroge quelqu'un en le tabassant dans une cave. Dans Yes, Madam ! (un titre bien plus adapté), tout est matière à s'amuser, et les chorégraphies sont là pour le prouver. Le nombre de vitres brisées atteint des sommets, tandis que la moitié des accessoires peut potentiellement devenir une arme. Il n'y a qu'à voir le grand final (dans un décor que Tarantino a sûrement eu en tête pour la Villa des feuilles bleues de Kill Bill) pour le constater.
Flashforward : Michelle Yeoh, toujours badassEt bien sûr, le film est un exemple frappant de film féminin, porté par un duo d'actrices alors débutantes, à une époque où les femmes étaient tout sauf attendues dans ces rôles. Yes, Madam ! a donc une valeur historique puisqu'il a rencontré un succès retentissant en 1985, créant une franchise de neuf films dérivés, ainsi que des copies plus ou moins conformes à Hong Kong. Et bien sûr, il a lancé pour de bon la carrière de Michelle Yeoh, devenue une figure majeure du cinéma d'action. La preuve encore une fois dans Bloody Milkshake.
Bloody Milkshake, en salles le 21 juillet
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