Le V de la victoire et un grand sourire. On a rarement vu Francis Cabrel aussi décontracté en grimpant sur scène, ce jeudi 14 octobre au Zénith de Strasbourg (Bas-Rhin). Et à l’aise aussi pendant 2h10 devant 3 500 fans, d’abord assis et attentifs puis debout et fervents.
À 67 ans, l’artiste profite. Son « Trobador Tour », avec quatre musiciens et trois chanteuses en totale osmose, est une de ses meilleures tournées. Et son dernier album, « À l’aube revenant », est un succès critique et commercial, 250 000 ventes depuis un an.
En coulisses, aussi, nous rencontrons un homme toujours aussi rare mais apaisé. Doublement vacciné, il nous annonce sans masque la sortie le 3 décembre d’un double live — 2 CD et 4 vinyles — avec deux chansons studio inédites. En tournée depuis juin, il nous parle aussi de son souhait de faire une pause musicale en 2022, pour se consacrer à d’autres écritures.
D’abord la question que tout le monde se pose après votre vidéo postée il y a quinze jours : la commune d’Astaffort a-t-elle trouvé un médecin ?
FRANCIS CABREL. Je n’ai pas l’impression. Je ne suis pas souvent au village en ce moment, mais je n’ai pas reçu de bonne nouvelle… Ce n’est pas parce que l’on fait du ramdam que les gens accourent. Le village voisin a aussi mis une banderole : Cherchons deux médecins. On doit être la x-millième commune à souffrir de ça.
Pourquoi vous, si discret, avez-vous accepté de figurer dans cette vidéo ?
Notre centre médical fonctionne très bien, il manque juste un médecin généraliste. Celui qui reste a l’âge de la retraite et continue pour dépanner. C’est lui qui m’a demandé si je voulais apparaître pour aider. Les habitants avaient déjà écrit le script. Cela ne m’a pris que trente minutes alors qu’ils y ont passé plusieurs jours.
C’est un problème récent ?
Cela se tend depuis trois, quatre ans. Quand j’étais élu (de 1989 à 2004), on n’a jamais connu cette pénurie. On a même eu jusqu’à deux cabinets et quatre docteurs. Il faudrait que les municipalités salarient les médecins, mais cela suppose un budget que beaucoup n’ont pas.
Comment se passe votre tournée ?
Nous sommes au milieu du gué, un peu de plus de trente dates sur soixante. Passées mes inquiétudes habituelles, qui ne s’arrangent pas avec l’âge, mes craintes d’oublier les textes, mon allergie des longs trajets, ça se passe très bien (il sourit). Nous faisons la réouverture de beaucoup de salles, comme ici à Strasbourg, et l’accueil est partout formidable.
Vous êtes plus relax sur scène…
C’est vrai. C’est une de mes tournées préférées. Cela me fait plaisir que les gens entendent de tels musiciens et le travail des choristes est remarquable. C’est abouti mais, dans l’esprit, c’est comme si on les invitait à une répétition.
Qu’allez-vous faire après la dernière date, le 18 décembre ?
Pour l’instant, il y a peu de choses prévues en 2022. On va faire en juin la tournée qui avait été annulée au Canada, puis les quelques festivals d’été reportés à cause du Covid ou des intempéries. Mon producteur a des idées derrière la tête, mais je suis assez tenté de ne rien faire entre les deux. Une tournée, c’est fatigant. Et il faut passer à autre chose.
Un nouvel album ?
Non. En tout cas, pas tout de suite. Je reste sur la bonne impression de celui-ci. Et je veux écrire sous d’autres formes. Cela me tente de faire un livre, j’ai quelques pistes. J’ai vu que Laurent (Voulzy) en avait écrit un sur les cathédrales. C’est intéressant.
On vient de fêter les 70 ans de Jean-Jacques Goldman. Est-ce que vous songez parfois à arrêter vous aussi ?
Mais tout le temps ! J’y pense depuis mon premier album en 1977. Le lendemain de sa sortie, j’ai dit : j’arrête. À mon avis, Jean-Jacques a arrêté trop tôt. Je m’interroge comme lui à ne pas faire l’album et la tournée de trop. J’ai fait quatorze albums, plusieurs milliers de concerts, il y a quand même un effet répétitif. Pour moi, c’est bientôt.
Pourquoi avoir ajouté deux chansons inédites de 2020 sur votre prochain album live ?
Je ne les ai pas mises sur mon dernier album, car je ne voulais pas qu’il soit trop long. Mais j’ai regretté. L’une des deux, « Quoi dire », part d’un joli mot de ma petite-fille Mona, qui a six ans. Après avoir observé un chien et un oiseau, elle a demandé à sa mère : Est-ce qu’ils se parlent ? Ma fille Aurélie me l’a raconté et j’ai brodé, réfléchi sur nous, qui avons un peu perdu la pureté, la poésie des enfants. Leur compagnie est régénérante, rafraîchissante.
Le temps passant, vous parlez un peu plus de vous…
Oui. Sur l’album, j’ai même parlé de mon père. Les gens m’ont tellement porté, tellement aimé, que je peux commencer à me dévoiler.
Mais pas sur les réseaux sociaux, dont vous êtes absent… Pourquoi ?
Comme dit Alain Souchon, on a été célèbres au bon moment. On a traversé une période simple et dorée. Maintenant, ça se complique avec les réseaux sociaux. Il y a beaucoup de bénéfices à en tirer mais aussi des pièges. J’ai utilisé le Facebook de ma fille pour partager mes chansons pendant le confinement, mais je n’ai pas un avis assez prépondérant pour alimenter Twitter.
Votre dernière participation aux Enfoirés remonte à 2010. Y reviendrez-vous ?
On m’a encore demandé récemment mais j’ai dit : Non, excusez-moi. J’ai l’âge d’être retraité des « Enfoirés ». Revenir maintenant, je me sentirais moins en phase. Je me souviens de discussions avec Jean-Jacques et Maxime Le Forestier, où l’on se disait que l’idéal serait de laisser la place aux jeunes. C’est fait, et c’est parfait.
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